March 3, 2013

Débat sur NGONGO LETETA


This is an interesting debate over Ngongo Letete, who at one time was a collaborator and lieutenant of Tippu Tip, who was executed by the Force Publique during the bloody wars of colonial conquest, and whose death sparked an anti-colonial revolt.  He himself, was reputed to be quite brutal and is remembered with some ambiguity in the Congo. The full article can be found here.

Par Professeur Antoine Dimandja
E-mail: profdimandja@yahoo.fr

Le Débat:
Chers frères et sœurs,
Notre débat consiste à examiner un problème qui date du XIXième Siècle et qui continue jusqu’aujourd’hui à embrouiller l’histoire des Atetela et des Asonge. Il s’agit de connaître avec exactitude, de part et d’autre, la vérité sur le témoignage selon lequel Ngongo Lutete (sic) Leteta fut Otetela ou Osonge. Nos soigneuses recherches dans le temps et dans l’espace en RDC, en Belgique et aux États-unis auprès des vieux qui étaient encore en vie, et qui n’avaient pas de trous de mémoire, nous ont non seulement permis de confronter différents points de vue avec ce qui a été dit ou écrit maintes fois, mais encore conduit à conclure que ce conflit empreint d’héroïsme n’est pas définitivement tranché par nous, et partant pour notre postérité. L’histoire étant un sujet d’explication, nous devons faire un effort dès maintenant de rechercher la vérité pour la diaspora qui n’a pas de lien étroit avec notre terroir.

Comme tous ses concitoyens et concitoyennes du XIXième Siècle, nul ne sait quand Ngongo Leteta naquit. Feu Patrice Emery Lumumba fut le premier a nous révéler lors d’une entrevue dans la soirée au Guest House de la Sabena, sis Avenue des aviateurs, près de l’ancien aérodrome d’Élisabethville, où il logeait le 8 mai 1960 en tant que membre du collège exécutif général accompagnant le président Henri Cornelis, Gouverneur Général du Congo Belge et du Ruanda-Urundi dans sa dernière tournée qu’il a beaucoup lu et discuté de ce sujet avec de nombreux Européens et Congolais. Monsieur Lumumba qui parlait en otetela a déclaré sans ambages que Ngongo Leteta fut notre chef suprême et celui des Asonge. Certains Flamands notamment Père Boelaert en province de l’Equateur l’avait appelé péjorativement et erronément Ngongo Lutete dans ses articles dans Aequatoria .Il donnait comme explication qu’il était Ngongo “le vagabond”.

Pour nous et pour les Asonge, il était notre héros national. Il avait été injustement arrêté, mis sous les verrous et jugé publiquement à la hâte au poste d’Etat à Ngandu par un officier de la Force Publique Jean Scheerlinck. Celui-ci provoqua un conseil de guerre dérisoire dont il fut président. Ses deux assesseurs furent ses frères. Il ne s’était même pas référé à son chef Commandant Dhanis à Kasongo. Il le condamna a mort jeudi le 14 septembre 1893. Ngongo Leteta avait souhaité être comparu en justice à Lusambo ou à Léopoldville au lieu d’être jugé en brousse. Il avait également préféré que son fils Lumpungu dont la mère fut osonge, originaire de Malela (à ne pas confondre avec chef osonge Lumpungu de Kabinda), soit son successeur. Tout cela fut un coup d’épée dans l’eau! En présence d’une foule nombreuse et des deux autres blancs, Scheerlinck donna l’ordre au peloton d’exécution noir auquel un des blancs se serait mêlé de tirer leur gâchette à 7 heures du matin, vendredi 15 septembre 1893, et le Chef Ngongo tomba par terre.
Selon Patrice Lumumba, Scheerlinck fut incompétent pour ce jugement, seul le lieutenant Duchene, chef de poste de Ngandu fut compétent. Dhanis fut promu par le Roi Léopold II comme baron pour sa victoire sur les Arabes avec le concours de Ngongo Leteta et ses vaillants combattants sans lequel tout cela n’aurait pas été possible. Le haut officier belge le regretta jusqu’à la fin de sa vie au début du XXième S. La thèse de doctorat défendue en Flamand à l’université de Gand par Monsieur Philippe Maréchal, actuel chef de département d’histoire au Musée Royal De l’Afrique Centrale, en fait foi.

Répondant à notre question sur un de ses articles relatif à Ngongo Leteta que nous avons lu dans un journal méthodiste (EMECOCE) à Wembo Nyama en 1956, Monsieur Lumumba confirma qu’il avait pris l’habitude à Stanleyville alors qu’il était commis postal de commémorer jusqu’à ce jour l’exécution ou la mort de notre chef suprême ou souverain chaque 15 septembre de chaque année. En effet, ce fut lui et les chefs Asonge Lumpungu, Mpanya Mutombo ainsi que leurs vaillants guerriers qui nous ont délivrés de l’occupation arabe et mirent fin à la traite des esclaves qu’ils pratiquaient non seulement au Maniema, mais aussi au Sankuru. Nos frères et sœurs qui devinrent esclaves transportaient les pointes d’ivoire de Lomami a travers le Lualaba jusqu’a l’ océan Indien où les Sultans arabes les vendaient aux européens, sans aucun espoir de retour. On se rappellera que ces derniers pratiquaient le trafic des esclaves sur les côtes d’Afrique depuis le XVIième Siècle. Au XIXième Siècle, le Congrès de Vienne le condamna en 1815, mais malgré les diverses conventions qui le prohibaient, le trafic ne put disparaître que peu après que Ngongo Leteta eut astucieusement changé des camps notamment l’abandon des Arabes et l’appui des Européens. Pour Monsieur Lumumba qui fut à la fois détribalisé et leader nationaliste, il importait peu si Ngongo Leteta fut Otetela ou Osonge.
Au moment où il entra au service des Blancs le 19 septembre 1892, lui et ses braves combattants devinrent instrument utile de décolonisation contre les Arabes comme lui à l’égard des Belges en 1960; sauf que Ngongo joua le rôle de colonisation....

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